27 mars 2025

La chancelière de l’Echiquier, Rachel Reeves, a prononcé aujourd’hui le traditionnel discours de printemps devant la chambre des communes. Le discours s’appuie sur le budget présenté cet automne. Le gouvernement présentera ses décisions en matière de dépenses et de réforme du secteur public lors de la revue des dépenses (‘Spending Review’) qui se terminera le 11 juin.  

La chancelière a constaté que les choix que le gouvernement a fait dans le cadre du budget commencent à porter leurs fruits. Elle a expliqué que le nouveau contexte international exigeait d’aller plus loin et plus vite pour renforcer la défense nationale, protéger le peuple britannique et les générations futures, réformer les services publics et soutenir la croissance.

La défense

La chancelière a rappelé l’engagement du gouvernement d’augmenter les dépenses de défense à 2,5% du PIB à partir d’avril 2027 avec un objectif de les porter à 3% lors de la prochaine législature en fonction de la situation économique et budgétaire. La hausse des dépenses de défense sera financée dans le cadre des règles budgétaires par une baisse de l’aide au développement de 0,5% à 0,3% du revenu national brut. Au total, la hausse du budget de la défense à 2,5% du PIB pourrait accroitre la croissance de 0,3% à terme.

La chancelière a annoncé une augmentation du budget de la défense de 2,2 milliards de livres en 2025-26 tout en affirmant que la défense doit être à la pointe de la technologie et de l’innovation. Cela portera à plus de 5 milliards de livres l’effort supplémentaire en matière de défense depuis le dernier budget. Ainsi, les dépenses de défense atteindront 2,36% du PIB l’année prochaine.

Une réserve de 10% du budget de la défense sera mise en place pour l’équipement en technologies émergentes comme les drones et les systèmes autonomes, les technologies à double usage, et les capacités en matière d’intelligence artificielle. Cela s’accompagnera d’une réduction de la bureaucratie afin que les forces armées puissent s’approprier plus rapidement ces technologies. Parmi les mesures annoncées, on notera la création de procédures d’achat public particulières pour différents types d’équipements militaires.

Le gouvernement va également augmenter de 2 milliards de livres la capacité de prêt du UK Export Finance (l’agence de financement des exportations) pour soutenir les exportations militaires.

Au-delà des questions de sécurité, l’investissement dans la défense permettra également de contribuer à la croissance économique et de soutenir l’industrie et l’emploi au Royaume-Uni. La stratégie industrielle en matière de défense et la revue de la stratégie de défense qui seront présentées prochainement affirmeront l’ambition du gouvernement de faire de la défense un moteur de la croissance.

Les réformes

Le gouvernement est déterminé à rendre le secteur public plus productif et à améliorer les services rendus aux travailleurs. Le gouvernement confirme sa décision de ne pas augmenter les impôts sur les personnes qui travaillent. Par contre, il souhaite que tout le monde paye les impôts qui sont dus. Les mesures annoncées visent à augmenter les recettes fiscales d’un milliard de livres chaque année d’ici à 2029-30.  Le gouvernement souhaite aussi faire en sorte que le système social incite davantage les gens à travailler tout en protégeant les personnes vulnérables. Les réformes du système social permettront de réduire les dépenses sociales de 4,8 milliards de livres en 2029-30.

De plus, l’Etat doit être plus productif et plus agile. La chancelière a notamment annoncé la création d’un Fond de Transformation doté de 3,25 milliards de livres pour soutenir la réforme des services publics, saisir les opportunités qu’offrent le numérique et l’intelligence artificielle, et générer des économies à long terme. Le gouvernement entend moderniser la règlementation, notamment à travers un plan d’action pour une meilleure règlementation pour réduire de 25% le cout de la charge administrative pesant sur les entreprises pendant la législature.

La croissance

La croissance constitue la mission essentielle du gouvernement. Elle s’appuie sur une stratégie industrielle moderne autour de secteurs à forte croissance et du National Wealth Fund, la création d’une troisième piste à l’aéroport d’Heathrow, l’accélération des décisions de planification pour les grands projets d’infrastructures économiques, la modernisation du système règlementaire, l’intelligence artificielle et la libération du potentiel du couloir de croissance Oxford-Cambridge. Le gouvernement compte investir davantage dans la sécurité et la croissance économique. Ainsi, les dépenses d’investissement augmenteront de 13 milliards supplémentaires durant la législature en plus des 100 milliards annoncés lors du budget. Il soutiendra le secteur de la construction avec une enveloppe de 625 millions de livres destinée à la formation de 60.000 ouvriers supplémentaires en vue de réaliser le plan du gouvernement de construire 1,5 million de logements et des infrastructures vitales durant la législature. Dix nouvelles universités techniques d’excellence spécialisées dans la construction seront créées dans les régions d’Angleterre.

Le cadrage économique

Sur le plan macro-économique, l’Office for Budget Responsibility (OBR) a révisé les prévisions de croissance du PIB par rapport au budget d’automne.

  • La croissance pour 2025 a été révisée à la baisse (1%) mais l’OCDE prévoit que le Royaume-Uni devrait enregistrer le deuxième plus fort taux de croissance des pays du G7 cette année et l’année prochaine.
  • Les prévisions de croissance de l’OBR pour l’économie britannique en 2026 et les années suivantes sont supérieures aux prévisions de l’automne 2024, malgré l’environnement international qui change. Elles s’établissent comme suit : 1,9% en 2026, 1,8% en 2027, 1,7% en 2028 et 1,8% en 2029.

L’inflation devrait atteindre un pic de 3,8% en juillet 2025 avant de refluer vers la cible de 2% de la Banque d’Angleterre à partir de 2026.

Le chômage attendrait 4,5% en moyenne en 2025 avant de se stabiliser à un bas niveau et d’atteindre 4,1% en 2028.

L’OBR a par ailleurs confirmé que le gouvernement est en passe de respecter les deux règles budgétaires (la règle de stabilité et la règle d’investissement que la chancelière avait présenté lors du budget d’automne) avec deux ans d’avance. Cela veut dire qu’à partir de 2027-28 le gouvernement empruntera exclusivement pour financer les dépenses d’investissement, qu’il financera les dépenses courantes par les recettes, et que la dette financière nette diminuera.

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Source : Eric Célérier | Senior Economist | British Embassy Paris