31 octobre 2024

La chancelière de l’Echiquier, Rachel Reeves, a présenté hier le budget devant la chambre des communes. Elle a expliqué que le budget a pour but de rétablir les fondations de l’économie britannique. Le budget comporte des décisions difficiles en matière de fiscalité et de dépenses pour restaurer la stabilité économique et budgétaire et ce afin de permettre au gouvernement d’investir pour le futur et de mener à bien sa mission principale, la croissance. Au total, l’investissement public augmentera de plus de 100 milliards de livres sur les cinq prochaines années, notamment dans le système de santé, l’éducation et les infrastructures de transport. Le budget protège aussi le pouvoir d’achat des travailleurs avec une augmentation du salaire minimum et des retraites.

Rachel Reeves a déclaré : «Une économie qui croit, crée de la richesse et des opportunités pour tous car c’est la seule façon d’améliorer le niveau de vie. Et la seule façon de stimuler la croissance est d’investir, d’investir, d’investir. Il n’y a pas de raccourcis. Pour investir, nous devons restaurer la stabilité économique. »

 

Le cadrage économique

L’Office for Budget Responsibility (OBR), organisme indépendant, prévoit une croissance de 1,1% en 2024, 2% en 2025 et 1,8% en 2026. L’inflation serait de 2,5% cette année, 2,6% en 2025 et 2,3% en 2026. La chancelière a confirmé la cible d’inflation de 2% de la Banque d’Angleterre. Le taux de chômage devrait baisser de 4,3% en 2024 à 4,1% en 2025 et 4% en 2026.

 

Mesures fiscales

Les mesures fiscales visent à accroitre les recettes afin de financer les services publics et de restaurer la stabilité économique. Selon l’OBR, elles augmenteront les recettes de 36,2 milliards de livres (1,1% du PIB) par an en moyenne et de 41,5 milliards à la fin de la décennie. Les principales augmentations d’impôts sont les suivantes :

  • Augmentation des cotisations sociales patronales (« National Insurance Contributions ») avec une hausse du taux de 1,2%, lequel atteindra 15%, et une baisse du seuil d’éligibilité de 9100 à 5000 livres par an (gain : 25 milliards de livres par an à l’horizon de la prévision). Les plus petites entreprises seront épargnées.
  • Alourdissement de la taxation sur les plus-values : le taux inférieur passera de 10% à 18% et le taux supérieur passera de 20% à 24% (gain : 2,5 milliards). L’OBR indique que, malgré cette hausse, le taux d’imposition des plus-values restera le plus bas parmi les pays européens du G7.
  • Réforme des taxes sur les successions avec notamment un gel des seuils jusqu’en 2030.
  • Hausse des taxes sur les billets d’avion.
  • Augmentation de la taxe sur les bénéfices exceptionnels des entreprises pétrolières et gazières (« Energy Profits Levy ») à 38%. Cette taxe expirera en mars 2030.
  • Suppression du régime d’imposition dit « non-dom ». Celui-ci sera remplacé en avril par un régime basé sur la résidence plus simple destiné à attirer les talents et les investissements au Royaume-Uni.
  • Les écoles privées seront soumises à la TVA au taux de 20% en janvier 2025 et ne bénéficieront plus de l’exemption des impôts locaux.
  • Hausse des taxes sur le tabac, les boissons sucrées et alcoolisées.
  • Introduction d’une taxe sur les cigarettes électroniques à partir d’octobre 2026 au taux de 22 pence par millilitre.

 

Par contre, le gouvernement a décidé de sanctuariser le taux d’impôt sur les sociétés à 25% (le plus bas du G7), ainsi que les crédits d’impôts sur l’investissement, la recherche et le développement afin d’encourager l’investissement des entreprises et les aider à croitre. Il allègera les impôts sur les commerces, les secteurs de l’hospitalité et des loisirs en 2025 et cette baisse sera pérennisée à partir de 2026. Le gouvernement a aussi exclu toute augmentation d’impôt sur le revenu, de TVA et de cotisations sociales pour les travailleurs.

 

Dépenses

  • Augmentation moyenne de 3,3% en termes réels du budget des services publics (National Health Service, système éducatif et système judiciaire) entre 2023-24 et 2025-26. Le National Health Service bénéficiera notamment d’une augmentation de 22,6 milliards pour réduire les files d’attente et permettre de programmer 40.000 rendez-vous supplémentaires par semaine. L’éducation recevra 4 milliards supplémentaires.
  • Tous les ministères devront dégager des économies de 2% lors de la prochaine année budgétaire grâce à des gains de productivité et une amélioration de la qualité de la dépense publique.
  • Mesures visant à lutter contre la fraude et à améliorer la perception des impôts.
  • Augmentation du budget de la défense de 2,9 milliards de livres l’an prochain afin que le Royaume-Uni dépasse ses engagements auprès de l’OTAN et assure un soutien militaire à l’Ukraine de 3 milliards de livres par an pendant le temps nécessaire.

 

Soutien au pouvoir d’achat

  • Hausse de 6,7% du salaire horaire minimum qui passera de 11,44 à 12,21 livres en avril 2025, soit une augmentation de salaire pour trois millions de travailleurs pouvant atteindre 1400 livres par an pour un travail à temps plein. Le salaire minimum pour les 18-20 ans passera de 8,6 à 10 livres de l’heure.
  • Augmentation des retraites de base de 4,1% en avril pour 12 millions de retraités. Cette augmentation pourra représenter un gain allant jusqu’à 470 livres par an en 2025-26.
  • Gel des taxes sur le carburant pendant un an.

 

Modification des règles budgétaires pour soutenir l’investissement

La chancelière a confirmé la modification des règles de contrôle budgétaire en vigueur au Royaume-Uni afin d’augmenter les possibilités d’emprunter pour financer des investissements publics.

  • Règle de stabilité : La politique budgétaire s’appuiera désormais sur le déficit courant (hors investissements publics) plutôt que sur le déficit total en visant un équilibre entre les recettes et les dépenses courantes afin d’encourager l’investissement public.
  • Règle d’investissement : Cette règle prendra désormais en compte la réduction du passif financier net du secteur public (« public sector net financial liabilities ») en pourcentage du PIB au lieu de la réduction de la dette publique nette (hors Banque d’Angleterre). Ceci devrait permettre de maintenir la dette sur une trajectoire soutenable et de dégager des marges de manœuvre supplémentaires pour financer l’investissement public.

L’investissement sera encadré par des règles claires afin d’en assurer la qualité et la mise en œuvre. Une stratégie d’investissement à dix ans donnera la visibilité aux entreprises quant aux priorités du gouvernement.

Le gouvernement prévoit d’investir plus de 100 milliards de livres sur les cinq prochaines années dans les réseaux ferroviaires et routiers, les écoles et les hôpitaux.

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