En mars, les ventes au détail ont reculé de 1,4% outre-Manche alors que l’inflation a bondi de 7%. Le Royaume-Uni devrait en outre afficher la plus faible croissance des pays du G7 en 2023.
Face à une inflation galopante et à une crise du coût de la vie, les indicateurs économiques britanniques passent au rouge : les Britanniques réduisent leurs dépenses, la confiance dégringole et l’activité ralentit. Les ventes au détail ont reculé de 1,4% en mars au Royaume-Uni, marquant une accélération du repli observé en février (-0,5%), même si elles restent légèrement au-dessus de leur niveau d’avant la pandémie, indique vendredi l’Office national des statistiques (ONS).
Cette frilosité des consommateurs qui commencent à se serrer la ceinture se traduit par un ralentissement de l’activité au Royaume-Uni, d’après l’indice PMI Flash Composite publié vendredi par S&P Global. Ce baromètre avancé de la croissance est tombé au plus bas en trois mois à 57,6 points pour avril. Et ce alors que la confiance des consommateurs britanniques s’effondre, d’après un indicateur du cabinet GfK publié jeudi : elle n’est, en avril, qu’à un point de son record historique, et plus faible encore que lors de la crise financière de 2008.
Le Fonds monétaire international (FMI) a quant à lui fortement révisé à la baisse mardi ses prévisions de croissance pour le Royaume-Uni, à cause de l’inflation qui érode le pouvoir d’achat des consommateurs, et de taux d’intérêt en hausse qui freinent l’investissement. L’institution de Bretton Woods s’attend à une hausse du PIB de 3,7% cette année mais à un coup de frein à 1,2% en 2023, soit la croissance la plus faible du G7. Ces mauvaises nouvelles économiques faisaient chuter vendredi la livre par rapport au dollar, au plus bas depuis octobre 2020.
Manger ou se chauffer
Selon les chiffres de l’Office national des statistiques (ONS), les ventes de nourriture ont reculé de 1,1% en mars et baissent depuis novembre, parce que les Britanniques retournent dans les restaurants et pubs avec la levée des restrictions sanitaires mais aussi “à cause de l’impact de la hausse des prix alimentaires”. Les ventes d’essence en volume ont quant à elle glissé de 3,8% en mars, l’ONS relevant que “des déplacements routiers non essentiels ont été réduits à la suite des records atteints par les prix de l’essence et du diesel”.
L’inflation a encore accéléré en mars au Royaume-Uni, à 7% sur un an, notamment à cause des prix alimentaires mais aussi de l’essence. A cela s’ajoutent des factures d’électricité qui flambent et nombre de ménages doivent choisir entre se nourrir, se chauffer ou se vêtir. “Les consommateurs font moins de grosses dépenses, comme les achats d’ameublement ou de gros équipements pour la maison” et limitent aussi les achats de vêtements ou chaussures, commente Oliver Vernon-Harcourt, de Deloitte.
Dans les mois à venir, des millions de Britanniques vont aussi ressentir l’effet (…) du relèvement des plafonds de factures électriques au Royaume-Uni et des hausses d’impôts, tandis que les détaillants vont aussi faire face à une envolée de leurs coûts, ajoute-t-il. De son côté S&P Global note qu’avril “témoigne d’un ralentissement de la reprise à travers l’économie britannique”.
Les entreprises déplorent le plus faible niveau de commandes de l’année, “la crise du coût de la vie et l’incertitude économique générées par la guerre en Ukraine pesant sur la demande des clients”, selon S&P Global. Jeudi, le gouverneur de la Banque d’Angleterre Andrew Bailey a déclaré que le Royaume-Uni traversait “une période de chocs sans précédent”, l’institution monétaire cherchant “un équilibre entre l’inflation et risque de récession”.
Source : Paul Louis pour BFM TV